Au 41 de l’avenue des Allobroges à Romans – sur – Isère, les passants peuvent toujours remarquer l’enseigne « Pôle cuir ». Mais si l’atelier de fabrication de chaussures existe encore bel et bien, c’est désormais devenu une SARL qui produit essentiellement des gammes féminines de la marque Vincent Bottesi. Finie l’association de loi 1901, visant à promouvoir les idées des jeunes créateurs et à les produire en petites séries. Créée sous l’impulsion du syndicat mixte Romans Bourg – de – Péage expansion, la structure, jusqu’alors présidée par Carole Latour a été dissoute, à la fin de l’année 2012. Mais alors qu’on assiste un peu partout sur l’agglomération à une forme de renaissance de l’industrie de chaussure depuis le dé but de l’année 2010, il n’était pas question de laisser l’outil de production sans repreneur. Les élus, convaincus par le bien fondé de relancer la filière cuir à un niveau local, souhaitaient en faire profiter un jeune créateur Romanais, à des fins plus i ndustrielles et commerciales.

L’occasion s’est présentée avec Vincent Bottesi. À 25 ans, ce natif de Saint – Hilaire du Rosier, Romanais d’adoption et de cœur avait le profil souhaité et cherchait à installer sa propre entreprise. Après avoir passé un BTS matériaux souples au lycée du Dauphiné et titulaire d’un BEP vente et d’un Bac de gestion en ressources humaines, il avait complété sa formation par un diplôme d’école d’art. « C’est un parcours atypique », reconnaît – il. « Mais en même temps, toutes ces matières sont complémentaires et me donne une vision plus large. Je me considère plutôt comme quelqu’un d’artistique, d’où mon goût pour les dessins de chaussure, mais il faut bien aussi pouvoir les commercialiser ». Et comme ce Nord Drômois aime l’indépendance, se moque du qu’en-dira-t-on et du contexte de crise économique, il s’est construit un profil de gestionnaire afin de pouvoir suivre et mettre en pratique ses idées.

Du Vincent Bottesi et des créateurs

« Ce sont les élus qui sont venus me trouver alors que je venais de déposer les statuts de ma nouvelle entreprise, sous la marque Vincent Bottesi, en 2011 », confie – t – il. Réaliste, ce jeune homme à l’ambition mesurée a évalué les risques avant d’accepter l’idée. « L’avantage, c’est qu’ici, Pôle cuir a déjà un nom et est équipé de machines performantes ». En décembre 2012, Vincent Bottesi s’y installe, et fait réaménager les lieux à sa façon. Les deux anciens employés de Pôle cuir décidant de ne pas continuer l’aventure, il embauche deux nouvelles personnes avec la perspective d’en recruter une autre en mars 2013. Administrativement, la société prend le nom de SARL Pôle cuir. Concrètement, elle produit la marque Vincent Bottesi. Avec une petite condition toutefois, celle de continuer, en parallèle à sa production propre, à répondre aux attentes des jeunes créateurs locaux, dans la droite ligne de la philosphie économique que s’était donnée l’association Pôle Cuir jusqu’à la fin de l’année dernière.

Partenariat avec Archer

« Nous avons un partenariat avec Made in Romans du groupe Archer », explique l’entrepreneur. « Notre axe, 90 % du temps est de produire du haut de gamme Vincent Bottesi, mais pour les 10 % qui reste, à savoir mettre sur le marché les nouvelles créations de jeunes chausseurs, si nous ne pouvons pas matériellement les produire, nous les envoyons à Archer. En retour, comme nous disposons d’un bureau d’études et d’un atelier de prototypage qu’Archer n’a pas, ceux – ci peuvent nous envoyer des candidats qu’ils ne peuvent satisfaire. Toutefois, comme c’est généralement le cas pour un débutant, on peut nous mêmes produire des toutes petites séries d’une centaine de paires ».

« Je crois à l’avenir de la chaussure »

Pour majorité, c’est donc de la chaussure féminine Vincent Bottesi. À presque 100 %, celle-ci est Romanaise ou Française, seul le cuir provient d’Italie. Mais le jeune homme, philosophiquement, met un point d’honneur à faire travailler les acteurs locaux, où « se situe le savoir – faire », bien qu’il eût été plus rentable peut – être de f aire venir de la colle d’Extrême – Orient par exemple. « Je crois toujours à l’avenir de la chaussure ici à Romans », conclut – il. « On doit miser sur la qualité et non la qualité, car là on ne peut pas rivaliser avec les chinois. Mais sur l’originalité et le savoir-faire, on a notre épingle du jeu à tirer. Actuellement, la chaussure Vincent Bottesi est positionnée sur du haut de gamme. J’aimerai l’imposer dans l’industrie du luxe ». Avec un objectif raisonnable : celui de produire environ 1000 paires par an.

Cyril Lehembre