Ledauphine.com – 3 mars 2012
SAINT-HILAIRE-DU-ROSIER (ISÈRE)

Son premier quart de siècle sera marqué par un grand saut dans l’inconnu. Vincent Bottesi a créé sa société éponyme en septembre dernier et lancé dans la foulée sa première collection de chaussures, intitulée “Twiggie’Twelve”. Travailler le cuir et les talons hauts, c’est assez rare pour être souligné ; à l’heure où n’importe quel joueur de machines à coudre se déclare créateur.

L’enfant de Saint-Hilaire-du-Rosier, à moins de 20 kilomètres de Romans, est connu dans son village pour ses années de théâtre amateur. «Cela fait 10 ans que je joue avec ma mère », dit-il, soulignant ainsi « la fibre artistique de la famille ». La mère, l’image de la femme expliqueraient l’attrait de Vincent Bottesi pour la chaussure. « Peut-être aussi mon côté fétichiste », lance-t-il en souriant.

« Je voulais que mes chaussures soient fabriquées en France »

Dans le petit atelier accolé à la maison familiale, la jaquette du 33 tours “Love on the beat” de Gainsbourg veille sur le jeune créateur

Dans le petit atelier accolé à la maison familiale, la jaquette du 33 tours “Love on the beat” de Gainsbourg veille sur le jeune créateur

Avant de passer à l’acte, le jeune homme a suivi un BEP “vente action marchande” « par dépit », un bac de gestion, une école d’art à Grenoble, un BTS “matériaux souples”… Il s’est cherché, dirait-on. « Finalement, tout cela me sert à monter une petite société. » Une boîte de chaussures, créée sur ses fonds propres, soit « 25 000 euros, pour la société, le site Internet, la fabrication, la communication », précise-t-il. Tout est “made in France”.

« Je voulais que mes chaussures soient fabriquées en France, et c’est finalement l’entreprise la plus proche de chez moi qui m’a proposé la meilleure prestation », raconte le créateur. L’Isérois a acheté les cuirs et remis les prototypes et les dessins à la société “Made in Romans” qui a confectionné cette série de 120 paires ; un modèle décliné en huit coloris… Tout sauf le talon. « Ils m’ont proposé plein de formes, mais j’en voulais une à moi », se souvient-il. Pour la distribution, Vincent Bottesi ne compte que sur son site Web. « Je n’avais pas envie d’être sur les grands sites de vente en ligne. Ils ressemblent trop à des halles aux chaussures », explique-t-il. Il ajoute : « Enfin, je dis ça maintenant… » L’envie d’y croire le rend prudent.

La première collection sera un test. Le but est de faire parler de lui, d’entendre les critiques… Il affrontera également d’autres créateurs au sein du concours lyonnais “Talents de mode” qui récompense des entrepreneurs. En jeu, entre autres : un accompagnement pour le développement de la marque, un espace sur un grand salon. Bref, un coup de pouce pour poursuivre l’aventure : la prochaine collection existe déjà en dessins. Moins de dix centimètres de talon « ennuient » Vincent Bottesi. Un minimum pour faire de la belle chaussure qui galbe les jambes.

Amateur de Christian Louboutin ou d’Alexander McQueen, Vincent Bottesi a voulu allier «originalité et sobriété. Il s’agit d’une sandale rétro, années 1970, toujours en deux couleurs », décrit-il. Le bouton sur le côté, donne un air sage qui contraste fortement avec le talon courbé, agressif. La marque Vincent Bottesi communique sur un style glamour et provocateur. La collection été s’intitule Twiggie’Twelve et servira de base à la suivante. Création et qualité ont un prix : 295 euros sur le site de Vincent Bottesi.